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vendredi 11 novembre 2011

Centenaire Cioran (3)

Dessiner Cioran - Exposition Dan Perjovski

http://www.paris-art.com/img_news/createur/g_MR11Cioran02.jpg
"En 2011, l'Ambassade de France en Roumanie et l'Institut Français de Bucarest, en accord avec la Mairie de Bucarest, ont proposé à Dan Perjovschi de participer à la commémoration du centième anniversaire de la naissance d'Emil Cioran. Pendant plusieurs semaines, les dessins de l'artiste illustrant des citations de Cioran en français et en roumain furent exposées à travers toute la ville de Bucarest.
Ce projet exceptionnel réunit un grand écrivain qui «pensait en roumain et écrivait en français» et Dan Perjovschi, qui a utilisé ses outils favoris, son crayon feutre et son intelligence aiguë pour traduire Cioran dans son langage."

Source

jeudi 20 octobre 2011

Centenaire Cioran (2)


Appel de textes pour la Revue Transilvania, Numéro 12, décembre 2011.
Dossier spécial: Cioran

La revue Transilvania lance son appel à contribution pour le numéro 12, à paraître en décembre 2011, numéro dédié au centenaire de la naissance de Cioran.

Philosophe, moraliste, penseur politique ou religieux, nihiliste, stoïque, existentialiste, gnostique, essayiste politique, historien des idées ou poète ne sont que quelques uns des termes auxquels les critiques ont eu recours pour caractériser Cioran. Cette multiplicité est à l’image de celle des interprétations auxquelles l’œuvre donne lieu, étant dans ce sens un véritable ars aperta. Le dossier se propose d'approfondir, d'actualiser, voire de renouveler le questionnement lié à l'actualité des écrits cioraniens. Les approches philosophiques, herméneutiques, poétiques/poïétiques, comparatistes et génétiques seront privilégiées, de même que les études portant sur la réception de son œuvre.

Les articles, rédigés en français, en allemand, en anglais ou en roumain sont à adresser conjointement à Dumitra Baron (dumitrabaron@yahoo.fr) et à Radu Vancu (rvancu@yahoo.com) avant le 20 novembre 2011.

Les textes devront comporter au maximum 6-8 pages (5000 de signes par page) et ils seront accompagnés d'un résumé en anglais de 10 à 15 lignes et de 5 mots clés en anglais. Les titres de la bibliographie devront avoir également une version en anglais.

La Revue Transilvania est indexée dans la base de données internationale SCOPUS et attestée par le Conseil National de la Recherche Scientifique dans l’Enseignement Supérieur en Roumanie (catégorie B+).


Adresse : Centrul Cultural Interetnic Transilvania (Le Centre Culturel Interethnique Transilvania), 550176 Sibiu, Tribunei 6, BP. 21, Roumanie.

jeudi 13 octobre 2011

Séminaire

NON-LIEUX DE L'EXIL

Séminaire mensuel organisé à l’initiative du Groupe de recherche POexil (Université de Montréal) en partenariat avec le Réseau Asie – Imasie (FMSH/CNRS) et avec la collaboration du Cardiff Research Group on Politics of Translating (Cardiff University) et des Éditions Non lieu (Paris).

Du 2 novembre 2011 au 6 juin 2012, Paris

Séminaire mensuel organisé à l’initiative du Groupe de recherche POexil (Université de Montréal) en partenariat avec le Réseau Asie – Imasie (FMSH/CNRS) et avec la collaboration du Cardiff Research Group on Politics of Translating (Cardiff University) et des Éditions Non lieu (Paris)

DESCRIPTIF
Dans ses définitions les plus communes, l’exil est le résultat d’une sanction, d’un bannissement, d’une condamnation à quitter sa terre. Qu’il s’agisse de fuir la menace d’une persécution, d’une déportation ou de la recherche d’un mieux vivre économique et social, l’exil est souvent implicitement associé au deuil de la patrie ou de la famille perdues, à la nostalgie de l’âge d’or qui l’aurait précédé, au sentiment de perte identitaire et de déracinement. L’exil s’articule selon des temporalités distinctes (pré-exil, exil, post-exil). Inventée au XXème siècle, la notion d’« exil intérieur », signifie en outre que le déplacement physique de l’ « exilé » n’est pas une condition sine qua non de sa mort politique et sociale. Enfin, l’exil peut être revendiqué comme une identité spécifique, ou comme une condition du multiculturalisme, c'est-à-dire patrimonialisé : il est ainsi possible, au sein des mémoires créées par les descendants d’exilés, « de nourrir la nostalgie d’un pays que l’on a jamais connu, d’éprouver le manque d’une langue que l’on a jamais parlée »  (Alexis Nouss).
C’est dire qu’à la fois notion ample et élément constitutif de toute pensée du lieu et du lien, l’exil n’est pas réductible à ses seuls aspects historiques et sociaux. Il paraît donc intéressant d’explorer ce qu’il recèle d’immatérialité, de « non-lieux ». L’exil peut en effet se percevoir dans la simultanéité d’un ici et d’un là-bas, de lieux concrets et de territoires métaphoriques. En ce dernier sens, les lieux de l’exil sont d’abord des non-lieux : espaces affectifs de l’ailleurs et de ses périphéries mouvantes, seuils éphémères entre témoignages et à venir ; mais aussi bien, ils sont des lieux nouveaux, espaces renouvelés par l’expression artistique, littéraire, dramaturgique ou musicale. Dans tous les cas, ces lieux / non-lieux singuliers engagent une façon d’être au monde, interrogeant distances et attentes, sensations d’incomplétude ou utopies de rassemblement, inventant des citoyens de nations sans frontières. Dans cette perspective, l’exil devient valeur et héritage, transmission d’un vécu constamment revisité et recomposé par une pluralité d’acteurs et d’expériences, de l’artiste au traducteur, de la photographie à la musique, en passant par l’écriture, le théâtre et le cinéma : que nous offrent ces images et imaginaires de l’exil ? Que se joue-t-il dans la permanence et la diversité de ces non-lieux ?
La rencontre mensuelle initiée par le groupe de recherche POexil (Université de Montréal) en partenariat avec le Réseau Asie – Imasie (FMSH / CNRS) et avec la collaboration du Cardiff Research Group on Politics of Translating (Cardiff University) et des Editions Non-lieu se propose d’interroger les expressions de l’exil dans une perspective transversale et pluridisciplinaire associant à chaque séance, chercheurs de différents champs disciplinaires, traducteurs, dramaturges, artistes et acteurs.
CALENDRIER et AXES DE RECHERCHE
Pour la première année de réflexion et de recherches, la diversité des expressions de l’exil sera principalement abordée au travers des expressions dramatiques, les Scènes de l’exil (axe 1), les questions de multilinguisme et de traduction, Langues de l'exil et exil des langues (axe 2). La seconde année du séminaire sera plus particulièrement consacrée aux expositions de l’exil (arts contemporain, cinéma, patrimonialisations).
Chaque séance mensuelle du séminaire comprendra l’intervention d’un écrivain, d’un artiste ou d’un chercheur, un débat animé par deux discutants, et enfin, un échange avec l’assistance.  Des lectures de textes suivront certaines rencontres.
En mai 2012, le séminaire proposera ses réflexions sous la forme d’une journée d’étude dont le thème amplifiera certains axes du séminaire. Les éditions Non-lieu (http://www.editionsnonlieu.fr) sont associées à la publication des actes dès à présent.


jeudi 19 mai 2011

A l'écoute de l'autre - Dialogues sur les littératures et les langues (1)


Théodore Cazaban et son unique œuvre
 
(Gina Puică en dialogue avec Cristina Pîrvu)

Théodore Cazaban est né le 2 avril 1921 à Fălticeni (Roumanie), et depuis 1947 il vit à Paris. Personnalité éminente de l’exil roumain anti-communiste, il est l’auteur d’un seul roman : Parages, publié chez Gallimard en 1963. Il publia, en outre, de nombreux articles, de même qu’un livre d’entretiens avec Cristian Bădiliţă, et écrivit des pièces de théâtre qui n’ont encore été ni publiées ni jouées. En dehors des entretiens et de la plupart des articles de presse, qui sont rédigés en roumain, le reste de son œuvre – l’essentiel – fut composé en français.
Dans ce dialogue avec Cristina Pîrvu, Gina Puică, qui termine une thèse sur Théodore Cazaban, revient sur le parcours hors norme de cet écrivain tenté par le silence, notamment sous l’angle du bilinguisme et de la double culture.

Cristina Pîrvu : Quel est le mot qui définirait le mieux, selon vous, la création de Théodore Cazaban?
Gina Puică : L’unique ou l’unicité. En deux mots, l’œuvre unique ! Toute la création publiée et véritablement littéraire de Cazaban se concentre en un seul texte, Parages – un jet de lumière dans une existence discrète. Entendons-nous bien : il s’agit d’un texte numériquement unique, mais aussi et surtout qualitativement unique (c’est-à-dire irréductible). Certes, toute œuvre véritable est irréductible, mais dans le cas de Cazaban, cette unicité numérique précisément accentue encore l’unicité intrinsèque. Et ainsi a-t-on affaire à un texte en quelque sorte total. Comment ne pas succomber au charme d’une œuvre qui défie le contemporain à travers sa fragilité même ? Comment ne pas être saisi par le courage de quelqu’un qui se taille, fût-ce de manière obscure, inconsciente, une place aussi démunie au beau milieu d’un temps et d’une époque définitivement gagnés par la productivité ? Je n’oublie pas, chère Cristina Pîrvu, nos discussions – nos gentilles controverses – de Nice autour de cette question du nombre, qui vous gênait. Ce qui me préoccupait de manière insistante vous interpellait, vous. Mais au fond nous étions sur la même longueur d’ondes. L’attention que j’attachais et que j’attache toujours au nombre dans ce cas précis est par la même occasion un refus du nombre, de la quantité, dans la mesure où l’un s’oppose au pluriel, à la comptabilité, au quantitatif…

C.P. : L'écriture du roman Parages et sa publication chez Gallimard ont dû être un moment important dans la vie de Théodore Cazaban. Comment s'y rapporte-t-il ?
G.P. : La rédaction, comme la parution de son unique (vrai) livre ont évidemment constitué pour lui des moments d’une rare force – en ce temps-là, mais aussi par la suite (sur le mode du souvenir, des reconstitutions mentales de son passé). Il l’affirme et confirme simplement et directement, dans son livre d’entretiens avec Cristian Bădiliţă, Captiv în lumea liberă [Captif dans le monde libre] : « J’aime ce livre car il représente pour moi une aventure unique et solitaire » (je traduis). Autrement, un certain détachement de la chose peut être facilement détecté aujourd’hui chez lui, et ce n’est pas étonnant vu le temps écoulé depuis 1963, année de parution de ce livre.

C.P. : Le mot-titre Parages vous paraît représentatif pour la poétique de l'auteur ?
G.P. : C’est un titre d’une simplicité et d’une élégance extrêmes, mais très mystérieux. Il renvoie essentiellement à des paysages mentaux, et à une certaine mobilité du regard intérieur. Le mot revient à plusieurs reprises dans le texte du livre. J’ajouterai, à ces quelques remarques, l’interprétation qu’en donne Pavel Chihaia, un compatriote de Théodore Cazaban, qui se souvient à un moment donné d’une discussion avec l’auteur. Cazaban lui aurait laissé entendre que la dimension roumaine avait été essentielle dans le choix de ce titre qui vaut toute une poétique – poétique que je tâcherai de synthétiser ici. Parages, mot pris de l’espagnol paraje, « lieu de station », finalement assez peu utilisé en français dans son sens premier, désignant, selon Le Petit Robert, « un endroit, espace déterminé de la mer ; étendue de côtes accessible à la navigation » ; « partie de la mer ou d’un fleuve où l’on a recours à l’assistance d’un pilote », désigne donc par extension, une étendue marine plus ou moins difficile d’accès. Or, bien que la Roumanie soit, au fond, un pays si peu marin, Cazaban aurait rattaché ce nom et l’imaginaire qui l’accompagne à la tradition romantique de son pays, celle de Mihai Eminescu, le « poète national » des Roumains, dans l’œuvre duquel la mer est l’un des motifs les plus percutants et dépaysants – « littéraire » par excellence. Ainsi, Cazaban, dans son sillage, aurait-il désigné par parages, selon ce que rapporte P. Chihaia, « une étendue déserte de la mer, aux îlots inconnus », celle évoquée par Eminescu dans la strophe de son poème le plus connu, Luceafărul : « Dar un luceafăr răsărit / Din liniştea uitării / Dă orizont nemărginit /Singurătăţii mării ». Comme simple anecdote, je mentionnerai que Théodore Cazaban, qui s’est essayé à une époque à traduire un choix de poèmes d’Eminescu, a bien traduit un certain nombre de strophes de Luceafărul (Hypérion), mais pas celle-ci, ou, en tout cas, il ne l’a pas publiée… La timidité devant une tâche trop ardue, sans doute… Enfin, pour revenir à la poétique de Cazaban, celui-ci aurait eu l’intention d’évoquer à travers ce titre même sa propre vie et la vie de ceux de sa génération, génération de la guerre, qui est restée dans l’histoire de la littérature et de la culture roumaines, comme étant la « génération perdue », dont les traits les plus caractéristiques restent l’échec, la solitude et l’oubli, préambule à une proximité et à une connaissance approfondie du néant et de la mort. C’est sans doute ainsi que s’explique en partie aussi l’abandon de l’écriture par Cazaban.

C.P. : Quelle serait la traduction la plus "juste" de ce titre en roumain ?
G.P. : De l’avis même de l’auteur, la traduction sinon parfaite, du moins la plus juste en roumain de Parages serait Locuri. C’est le titre qu’avait proposé Irina Mavrodin dans le numéro 19/l996 de la revue România literară, où elle fit publier dans sa traduction quelques pages de Parages. Près de 10 ans plus tard, je me suis à mon tour essayée à cet exercice, dans Atelier de traduction, revue spécialisée dans la théorie et la pratique de la traduction, qui paraît à l’Université de Suceava. J’y ai réservé toujours comme traduction du titre le mot Locuri. Dans sa simplicité, Locuri préserve toutes les virtualités du mot Parages, en instaurant cette forme d’ambiguïté si valorisée par les écritures modernes. Il est vrai que Ţărmuri m’a quelque peu tentée aussi (par l’imaginaire maritime que ce mot soutend), de même que Tărîmuri (un peu moins), alors que le poète et artiste roumain Constantin Severin avait pensé, lui, outre à Locuri, à Cotloane et Fiorduri comme titres roumains possibles. Donc voilà plein de titres à la recherche d’un... livre. Lire la suite

vendredi 8 avril 2011

Centenaire Cioran (1)

"Nous sommes tous au fond d'un enfer dont chaque instant est un miracle." 
(Cioran, Le Mauvais Démiurge, 1969, in Œuvres, Gallimard, 1999,  p. 1259)

lundi 21 mars 2011

A l'orée des citations (10)

"Qui vit à l'étranger marche dans un espace vide au-dessus de la terre sans le filet de protection que tend à tout être humain le pays qui est son propre pays, où il a sa famille, ses collègues, ses amis, et où il se fait comprendre sans peine dans la langue qu'il connaît depuis l'enfance." (Milan Kundera, L'insoutenable légèreté de l'être, Paris, Gallimard, 1987, p. l62)

Parutions (7)

Andreia Roman, Littérature roumaine / Literatura romana
Tome 2 / Volumul 2
De l’époque des "grands classiques" à la Première guerre mondiale
De la epoca "marilor clasici" la primul razboi mondial,
Paris, Editions Non Lieu, 2010

Source: http://www.actualitte.com/actualite/25013-andreia-roman-litterature-roumaine-anthologie.htm

dimanche 30 janvier 2011

Ecrire, traduire (1)

"Écrire ne se fait pas dans la langue, comme si elle était maternelle, donnée, mais vers la langue. Écrire n’est peut-être qu’accéder, en s’inventant, à la langue maternelle. Écrire est, à son tour, maternel, pour la langue. Et traduire n’est cela aussi que si traduire accepte le même risque. Sinon traduire est une opération d’application, de conscience bonne ou mauvaise (l’honnêteté, la fidélité, la transparence). Dans la langue. Qui est du tout fait. Alors le traducteur est dans le prêt à penser, le prêt à écrire." (Henri Meschonnic, Poétique du traduire,  Paris : Verdier, 1999, p. 459.)